le logis de Pié-Foulard
Le hameau de Pié-Foulard est situé sur la commune de Prailles, dans le bocage huguenot du Moyen-Poitou, région passée presque totalement à la Réforme. Pied Foulard - « Puifoullard » en 1540, « Peux foulard » en 1587- vient du latin podium ‘lieu élevé’ et foulard ‘petit arpent de terre’. Le logis huguenot de Pié-Foulard appartenait fin XVIIè à une personnalité protestante, Jacques Chalmot, ami d’Henri IV, conseiller au parlement de Paris, député à la Rochelle en 1588, de Nantes en 1593 et secrétaire du Synode* de Saumur en 1596. Il fut nommé, par le roi, ambassadeur de France en Suède en1601. Après la révocation de l’édit de Nantes (1685), la famille émigra en Allemagne et en Hollande.
Le logis fut entièrement reconstruit en 1773 par la famille d’Auzy qui le tenait des Chalmot, par mariage. Les d’Auzy professaient en secret la religion protestante. Au fond le jardin, des pierres tombales du cimetière huguenot de la famille d’Auzy, un des plus anciens du Poitou, gardent le souvenir de cette période : « Là repose le corps de dame Julie Grellier, femme de messire d’Auzy des Granges, seigneur de Pied-Foulard, âgée de 55 ans, décédée le 2 mai 1752. Passants qui lisez ceci, souvenez-vous qu’il faut mourir pour vivre. »
A coté du cimetière de la famille d’Auzy, se trouve celui de la famille Marché qui nous a vendu la propriété. Il est entouré d’une haie et un if signale sa présence selon l’usage de la région, les protestants n’ayant pas le droit d’enterrer leurs morts dans les cimetières catholiques lors des persécutions !
Sur cette terre ‘huguenote’, entre Saint-Maixent, Thorigné et Melle, se tinrent de nombreuses « assemblées du désert » après la révocation de l’édit de Nantes. Les temples furent détruits, le culte interdit, les protestants commencèrent alors à s’assembler clandestinement dans des lieux retirés et peu accessibles aux dragons du Roi. De terribles répressions eurent lieu. La ferme de « Grand’Ry », située à deux kilomètres de Pié-Foulard, en porte le témoignage sur une plaque commémorative.