l'oecuménisme au quotidien

La rencontre du différent, le « monde protestant » en l’occurrence dans ce Pays Mellois, est de l’ordre du quotidien. Si nous ne pouvons « faire sans l’autre » cela nous amène insensiblement à ne plus pouvoir « être et penser sans l’autre ». La confrontation à une autre façon de penser, de prier, d’agir, opère peu à peu des déplacements sur notre façon de penser notre foi, de la dire, des déplacements qui semblent plus que nécessaires aujourd’hui parce que la foi chrétienne ne peut s’enfermer dans une unique façon de penser et de s’exprimer ; il nous faut pouvoir rejoindre l’errance spirituelle de tant d’hommes et de femmes dans leur quête et leur questionnement et pour cela trouver le langage approprié qui les fera accéder à la foi en Jésus-Christ. S’enrichir de la façon de penser de l’autre, se laisser bousculer dans des certitudes jamais réfléchies... tout cela nous amène aussi à revenir à l’essentiel, le Christ et son Evangile, et à laisser tomber ce qui est particularisme ou obstacle à l’unité. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faille renier notre identité catholique, bien au contraire, la confrontation de la différence nous fait mieux percevoir ce qui nous est propre et qui vaut la peine de creuser, se réapproprier.

Vivre en « situation d’oecuménisme » : ainsi pourraient se résumer les quelques réflexions présentées ici à partir de notre expérience actuelle. Notre implantation en Pays Mellois, nous fait passer d’un œcuménisme de circonstance, ponctuel lors des « semaines de prières pour l’Unité » notamment, à une véritable « entrée en œcuménisme » comme on « entre en religion » ! Peu à peu, ce sont tous les aspects de notre vie qui sont touchés. Et nous mesurons combien la vie monastique, par ce qu’elle est en elle-même, est un véritable chemin d’Unité, elle nous met d’emblée en « situation d’œcuménisme ». Elle convie à cette conversion à l’unité qui doit précéder toutes les démarches, même si celles-ci sont nécessaires. Elle nous renvoie sans cesse vers nos profondeurs, là où peut déjà se vivre l’unité, en deçà et au delà des murs de séparation qui ne descendent jamais si profonds qu’on ne puisse se rejoindre par les racines ! Alors peut-être verrons nous ceux-ci s’écrouler sous la poussée de cette sève souterraine, silencieuse, mais combien puissante. La Vie fera éclater les dernières résistances.

Prière oecuménique en août 2005