l'unité des chrétiens, un enjeu
Notre arrivée en Pays Mellois, dans le contexte sensible qui vient d’être évoqué, demandait à être bien préparée pour montrer qu’il ne s’agissait pas de la reconquête d’un catholicisme triomphant. Aussi, l’idée a germé de demander leur aide aux Diaconesses de Reuilly. Nous ne savions pas qu’en entendant parler de notre départ en ce Pays Mellois qu’elle connaissait, sœur Evangéline, Prieure des Diaconesses, s’était dit « Elles ne peuvent pas faire cela sans nous » .Ce « pas sans nous » s’est traduit par un souhait de faire ensemble tout ce que nous pourrions et la première chose fut de marcher ensemble de Saint Julien l’Ars à Prailles l’été précédent notre déménagement, signifiant ainsi notre désir de respecter les protestants de la région et plus encore de dépasser les étiquettes confessionnelles, d’être perçues simplement comme des disciples du Christ. Depuis cette marche, régulièrement les liens se sont renforcés entre nos deux communautés, chacune apportant la richesse de son expérience, de ses traditions, ses interrogations et ses demandes. Ainsi, nous avons pu répondre à l’appel de sœur Evangéline qui cherchait une sœur capable de soutenir la fraternité de Haute-Loire pendant l’absence de la responsable envoyée dans leur fondation du Cameroun pour quelques mois. Sœur Marie-Guénola, ancienne prieure du monastère de Bretagne que nous venons de fermer, a été heureuse de pouvoir répondre à cet appel. Elle aura passé neuf mois, totalement insérée dans cette fraternité, s’intéressant de près à la réalité protestante si diverse sur ce plateau.
Cette phrase « Elles ne peuvent pas faire cela sans nous » résonne, quatre ans après, avec encore plus de vérité, comme un appel. Oui, « nous ne pouvons pas, nous ne devons pas, Eglises, communautés, faire sans l’autre" ; chaque fois que nous agissons seuls, il manque quelque chose d’essentiel au Corps du Christ, nous sommes comme amputés d’une partie de nous-mêmes. Cet appel nous est lancé tout particulièrement à nous, communautés monastiques qui avons eu trop tendance dans le passé à vivre comme des forteresses inaccessibles sous prétexte d’autonomie, d’autarcie... par chance, la situation actuelle, le manque de relève nous poussent à devenir plus solidaires, à sortir de notre isolement.
Sœurs de Reuilly ou de Prailles, nous sommes amenées à vivre un œcuménisme tout simple, celui de la fraternité en Jésus-Christ. Communautés de femmes, communautés non cléricales, nous réalisons que ce peut être une chance pour vivre un œcuménisme de « proximité » dans l’accueil, la prière, l’échange ; une certaine pauvreté de formes, de moyens peut aider à faire tomber des préjugés, des peurs...