la crise janséniste

Au XVIIe siècle, le France doit faire face à différentes hérésies. Le jansénisme (interprétation erronée des écrits de Saint Augustin : la grâce du salut ne serait accordée qu’aux seuls élus dès leur naissance) est condamné en 1642 par le pape Urbain VIII mais l’hérésie se répand dans les monastères de France. L’enjeu devient finalement politique au XVIIIe siècle, Louis XIV y voit une menace pour l’unité de son royaume.

Une supérieure générale janséniste

En 1722, Marguerite Françoise de St Augustin Coëtquen est élue supérieure générale de la Congrégation alors qu’elle est janséniste. Peu à peu, les supérieures majeures et le visiteur général de la congrégation sont remplacés par des jansénistes.

La Congrégation sauvée par une caisse de livres

[Vers 1734], la Mère de Coëtquen avait envoyé à notre monastère de Quimper (…) une caisse de livres contenant des erreurs jansénistes. [Mais] la caisse fut portée chez les Révérends Pères Jésuites, nos voisins à Quimper, au lieu d’être remise au Calvaire. Ces religieux, zélés et instruits bénirent Dieu de cette méprise et avertirent l’évêque de Quimper qui avait déjà conçu quelque soupçon.[1]

Intervention des autorités

Le 26 juillet 1734, la mère de Coëtquen reçoit une lettre du roi demandant de différer les élections qui étaient prévues pour le mois d’août. Louis XV obtient un bref du pape Clément XII pour remédier à la situation le 1er août 1738 et le 26 décembre de la même année, la supérieure générale rédige une protestation qui est acceptée par toute sa communauté d’Orléans, sauf une converse sœur Marie Anne de Ste Marcelle Michaud. Le 19 janvier 1739, le roi émet une lettre de cachet exilant la supérieure générale à l’abbaye de Jarcy-en-Brie où elle meurt en 1745. Après cet exil, les deux tiers des monastères se soumettent au pape et au roi. Cependant, 7 monastères restent fidèles à la supérieure janséniste : Paris I, Paris II, Orléans, Tours, Loudun, Vendôme et Rennes Saint-Cyr.

Un long combat contre le jansénisme

Le 1er septembre 1741, les élections ont lieu et c’est Mère Renée Jeanne de St Joseph (prieure du Calvaire de Quimper) qui est élue supérieure générale. Les monastères de Paris sont renouvelés, les sœurs opposantes dispersées en 1742. Il ne reste alors plus que quatre monastères jansénistes : Loudun, Vendôme, Tours et Orléans. En 1754, un bref du pape vient mettre fin à cette affaire, de nouveaux supérieurs sont nommés et le fonctionnement de la congrégation redevient normal. En 1780, la supérieure générale Françoise Agathe de St Placide de Coudray récupère le monastère d’Orléans et le monastère de Vendôme trois ans plus tard (où elle dut recourir à la force). Enfin, en 1785, le monastère de Loudun est purgé de l’hérésie mais Tours restera un bastion janséniste jusqu’à la Révolution.

[1] Histoire du jansénisme dans la Congrégation de 1722 à 1754.