Actualités de Prailles

5 octobre 2019 : 20 ans de présence à Prailles

Mot d’Accueil

Il y a 2 ans nous fêtions les 400 ans de la congrégation
Aujourd’hui ce sont les 20 ans d’enracinement en ce Pays Mellois
et il y a 1 mois juste nous élisions notre prieure.

Nous sommes très heureuses de fêter avec vous ces anniversaires, Tout ce qui s’est initié ici en 20 ans, tous ces liens de fraternité en Christ, et que sr Anne-Delphine saura avec sa grâce propre faire fructifier.
Rendons grâce ensemble, en Christ, Lui en qui nous sommes fondés et qui nous réunit si joyeusement.

 

Homélie Mgr Pascal Wintzer : 

Bénédictines de Pié-Foulard 
20 ans de présence à Prailles, 5 octobre 2019

C’est à pied que vous êtes venues depuis Saint Julien l’Ars jusqu’à Pié Foulard ; à pied, c’est-à-dire en vous donnant le temps d’aller d’un lieu à un autre, le temps de la marche, le temps des rencontres, le temps de l’écoute ; auparavant, vous aviez pris le temps de discerner et comment pouvait s’écrire votre avenir et dans quel lieu il pouvait se vivre.

Rien de sérieux ne se fait que cela soit inscrit, dans le temps, dans la durée.
La vie monastique en est un vivant témoignage, ne serait-ce que par ce rythme posé avec lequel des moniales et des moines entrent dans l’église de leur monastère.
Ceci ne veut pas dire pour autant que les esprits et les cœurs ne soient pas occupés, parfois préoccupés ; c’est justement pour cette raison, en raison de ces occupations et préoccupations, que l’on adopte un autre rythme pour entrer à l’église ; non pas pour abandonner le reste dehors pour que ce reste demeure tel, mais pour qu’il soit regardé avec les yeux de la foi et de la prière.
Vous donnez ce témoignage du temps donné, du rythme paisible ; témoignage ô combien nécessaire pour une époque qui pense que tout doit se faire vite, qu’il faut parler avant que d’écouter, répondre avant que de réfléchir ; quand tout devient urgent, rien ne l’est vraiment.

Dans le discernement qui, il y a vingt ans, vous a conduites jusqu’ici, bien des paramètres entrèrent en ligne de compte, mais je veux en souligner deux, la recherche de Dieu et la vie communautaire.
Deux paramètres… en fait un seul : toujours mettre en premier ce qui est premier : pour vous, moniales, c’est l’écoute de Dieu et c’est la vie communautaire.
Quel que soit votre avenir et votre présent, rien d’autre ne pourra prendre la place de ce qui donne sens à votre vie et à vos choix.

Là encore, c’est un témoignage que vous donnez à l’ensemble des chrétiens.
On ne peut choisir de manière juste que dans la mesure où ce qui est premier le demeure ; et pour tous les fidèles, il s’agit pareillement de la recherche de Dieu et de la vie fraternelle, même si celle-ci ne prend pas la forme d’une vie communautaire ; pour le dire autrement, il s’agit d’aimer Dieu et d’aimer son prochain.

Lorsque les disciples reviennent de mission, ils en rapportent les signes au Seigneur : « Même les démons nous sont soumis en ton nom ». Et Jésus de renchérir : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair ».
Voici des mots, « démons », « Satan », que nous peinons parfois à utiliser. Ils font jaillir, souvent, dès qu’on les prononce ou les entend, toute une imagerie qui répugne aux chrétiens du XXIe siècle.
Sans doute est-ce parce que nous entendons ces mots hors de tout lien à la foi chrétienne, dans un contexte qui relève plus du paganisme que de la révélation biblique.
La Bible, fuyant les imageries qui emprisonnent et qui empoisonnent, situe les démons à leur juste place, comme les ennemis de l’œuvre de Dieu.
Justement, les textes bibliques de ce jour disent clairement et explicitement ce qui soumet les démons, ce qui fait tomber Satan, loin de toute pratique bizarre et étonnante : ce qui vainc les démons, c’est la joie.

Dans ces quelques versets de saint Luc, les démons et Satan sont en quelque sorte circonscrits par la joie, celle des disciples qui reviennent de mission, et celle du Seigneur lui-même : il « exulte de joie sous l’action de l’Esprit Saint ».

L’évangéliste le souligne, la joie est un des dons de l’Esprit Saint, sans doute le plus précieux de ses dons.
Elle est ce qui est gratuit, inattendu, non fabriqué ; elle n’est pas le résultat de quelque méthode ou le fruit obligé de pratiques, même religieuses, qu’il suffirait de suivre.
Pour cela, elle ne cherche pas à se mettre à l’abri des difficultés, des épreuves, des souffrances ; le fidèle sait qu’en tout Dieu peut donner la joie puisque, justement, elle est donnée.
Il y a une seule chose qui est l’ennemi de la joie, qui la détruit, qui l’empêche d’être accueillie, c’est la tristesse.
Celle-là, il faut la fuir, la combattre ; lorsqu’elle s’instille dans une personne, dans un groupe, dans une communauté, c’est comme si Satan revenait investir une maison avec encore plus de démons.
Sans doute connaissez-vous cette parole de saint François de Sales : « La tristesse est la mélodie sur laquelle le diable chante ses meilleures chansons ».
Pour ces raisons, il faut aussi que nous donnions le plus beau des témoignages, celui de la joie ; c’est la « joie parfaite » de saint François d’Assise, jusqu’aux « fols en Christ » qui, sans doute, font sourire, mais, justement, ils mettent un sourire sur nos lèvres.

La liturgie, par excellence, est cette expression de la joie chrétienne, et pas seulement pendant le temps pascal.
Croyez-vous que pour autant on oublie les difficultés et les épreuves, ou bien on les nie ? Tant de choses nous les rappellent constamment.
On ne les oublie pas, on ne les tient pas à distance, et c’est ainsi qu’on ne les laisse pas prendre le dessus dans nos vies.

Ce qui fait fuir Satan c’est la joie, mais c’est aussi, est-ce qu’il faut dire avant tout, ou bien en même temps, c’est donc aussi la charité.
C’est la charité à laquelle l’apôtre Paul appelle les Colossiens.
C’est une charité qui n’oublie personne, même pas soi-même.
« Revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. »

Ces sentiments, nous avons à les vivre en nous-même et vis-à-vis de nous-même ; ils font pièce à l’accusateur qui sans cesse cherche à juger autrui et à nous juger nous-même, sans indulgence, sans compassion.
De même, c’est la charité fraternelle : « Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire ».
Voyez comment la réciprocité est au cœur de ces mots, on retrouve la règle d’or de l’Evangile : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux », et j’ajoute, « faites-le aussi pour vous-même ».
Mes Sœurs, nous retrouvons-là la vie fraternelle, belle, exigeante, joyeuse, laborieuse… les qualificatifs pourraient être si nombreux, et sans doute tout aussi adaptés les uns que les autres.

« Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! » dit aujourd’hui le Seigneur.
Votre communauté, notre assemblée, la communion humaine qui assemble des chrétiens, catholiques, protestants, certains amis qui peuvent ne pas partager la foi chrétienne ou bien la confiance dans l’Eglise.
Ne croyez-vous pas que cela aussi, c’est une victoire sur Satan, sur le diviseur ?
En cela, nous recevons une nourriture gratuite, belle, abondance qui alimente notre action de grâce.
Grâce dont nous vivons, grâce qui est notre aliment de salut, cette grâce qui ne donne pas des yeux, mais qui nous permet de voir.

 

PU 5 octobre 2019

Refrain : Garde-nous sur tes chemins Seigneur
Appelées à te suivre sur les chemins de l’Évangile, à la manière de notre Père St Benoît,
Aujourd’hui Seigneur nous venons te rendre grâce pour tous les biens reçus de toi durant ces 20 ans en ce Pays Mellois.

Nous venons te rendre grâce Seigneur en tout premier lieu pour cet appel à vivre en sœurs, sous ton regard, pour cette communion qui nous unie et cette joie de te servir, pour la nouvelle prieure que tu nous as donnée dans la simplicité.
Nous te prions pour elle, pour sa famille, pour la communauté, pour celles qui nous rejoindront, pour que nous puissions continuer ici à être le signe de ton amour gratuit et miséricordieux.

Nous venons te rendre grâce Seigneur pour le chemin d’unité tissé depuis notre arrivée entre sœurs catholiques et protestantes, entre communautés chrétiennes du Pays Mellois autour de l’Aube de Pâques et pour les associations qui sont nées de cette fraternité en Christ, pour Marie-Reine et son atelier d’icônes,
Nous te prions pour que ce chemin creuse un vrai sillon d’accueil mutuel, de partage, de communion qui nous mène vers l’unité enfin retrouvée. Nous te confions la fête des talents et la reconnaissance de ministère de Nicolas, le pasteur de Melle, qui aura lieu demain.

Nous venons te rendre grâce Seigneur pour ce lieu où tu nous as plantées, pour la beauté de la nature qui nous environne, pour les châtaigniers et les chemins creux, les ruisseaux et les libellules, la pierre et les maisons, la paix et la fraternité de ce Pays Mellois où il fait bon vivre.
Cette terre tu nous l’as confiée, elle est précieuse et en danger, nous te prions pour tous ceux qui la travaillent, la font fructifier, qu’ils soient attentifs à en prendre soin, à faire passer le bien commun avant le profit et que nous ayons tous le souci de notre maison commune.

Nous venons te rendre Seigneur pour l’amitié nouée au fil des ans, tout simplement, pour l’entraide et le soutien de plus en plus présent, pour notre évêque, l’Eglise diocésaine et les prêtres qui viennent célébrer régulièrement, pour les communautés religieuses qui nous entourent, pour nos oblats et tous ceux qui viennent ici se ressourcer, partager notre prière, les amis et les artistes qui ont contribué à l’harmonie de notre monastère,
Nous te prions pour eux, et avec eux nous te demandons de nous garder sur le chemin de la communion en liberté et fraternité. Que chacun puisse trouver ici une écoute, un accueil qui les réconforte, un soutien pour continuer le chemin, une amitié vraie.

Nous venons te rendre grâce Seigneur pour l’avenir qui s’ouvre, ici et à Jérusalem, toi seul le connais mais nous voulons que les liens tissés ici s’élargissent à ceux qui se tisseront à Jérusalem, avec les chrétiens d’Orient,
Nous te prions pour cette nouvelle étape pour la communauté de Pié-Foulard et celle de Jérusalem où je me rendrai le 19 octobre et pour toute congrégation. Seigneur n’arrête pas l’œuvre de tes mains, donne à chacune des sœurs, d’être renouvelée en profondeur dans sa vocation et le désir de te suivre jusqu’au bout dans la confiance et la paix du cœur.

 


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